Le mal de livre
De nombreux auteurs comparent l’écriture d’un roman à un accouchement.
Il y a quelques similitudes, c’est vrai : les longues périodes où rien ne se passe en surface, les frémissements qui serpentent sous un imaginaire tendu à bloc (attention aux vergetures de phrases, ce sont les pires). Puis des contractions intenses vous emportent dans une frénésie de lignes à noircir et enfin, c’est l’expulsion. Brutale !
Quoi, c’est déjà fini ? Plus rien à ajouter… pas une petite ligne ? Allez, encore un mot, un point, une virgule ? Eh non, c’est l’heure de lui lâcher la main, à ce beau bébé d’une livre.
Allez ! Un dernier sursis, le temps de décider de son orientation entre édition traditionnelle, numérique, à compte d’auteur…
Et un beau matin, le voilà prêt à partir.
Tout fringant dans ses enveloppes kraft achetées spécialement pour l’occasion, l’adresse de l’éditeur tracée en majuscules. Dans ses bagages, un courrier de présentation et son pitch (pour les petites fins).
C’était au début de l’été. Je l’ai regardé faire son entrée en CP (Chemin Postal), le cœur gonflé de fierté créatrice. Qu’il est beau mon manuscrit ! C’est sûr, il va faire un malheur…
Malheur de malheur ! Depuis ce fameux jour, aucune nouvelle ! Pas une carte postale, rien, nada ! Je sais qu’il faut avoir du réseau dans le monde de l’édition si on veut capter mais quand même… Il aurait pu m’envoyer un sms, non ?
Pendant son absence, j’essaie de tromper l’attente en travaillant sur d’autres textes, il me manque. Pensez ! Trois ans de vie commune avec « Sans traces apparentes », ça marque !
Non vraiment, j’ai du mal à tourner la page, je passe mes journées à attendre qu’il me fasse signe (dérivé du verbe signer-un-contrat).
Bref ! Je crois que j’ai le mal du livre.
je vis le même espoir (ou cauchemar) que toi depuis juin…quelques réponses comme tu le sais mais pas de publication en vue. Je pensais qu’une fois envoyé, nos manuscrits nous foutraient la paix mais il n’en est rien….pas moyen de remonter à vélo….
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Non pas un cauchemar. Juste un voile de spleen à l’idée que l’aventure touche à sa fin. Mais je ne désespère pas de voir surgir quelques rebondissements…
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Quelle jolie formule Elisa ! « Le mal du livre » est-il sans traces apparentes ? Pendant son absence, ton manuscrit continue de vivre. Transformer cette attente et faire danser les lignes jusqu’ à l’ivresse du lecteur est tout le mal livresque que je te souhaite. 🙂
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Faire danser les lignes jusqu’à l’ivresque ! J’adore ! Merci Gaïa 🙂
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Pourvu que cela ne cesse jamais !
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Bravo pour ce post plein de poésie, et particulièrement bien écris! On croise les doigts pour l’édition. Mais si, ça va venir. Il n’y a pas de raison, on y croit!
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Merci Manue. Bien sûr que j’y crois. C’est une histoire qui me tient tellement à coeur, j’aimerais vraiment la partager sous la forme d’un livre, un vrai 🙂
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