La goutte d’eau et le rocher
Je suis un auteur sous pseudo (à ne pas confondre avec un pseudo-auteur).
Ce qui ne pas veut dire que je vais parler à cœur ouvert, la main levée sur le stylo. Un auteur qui ne chercherait pas à embellir –ou empirer– l’histoire ? C’est comme un kit Ikea sans vis superflue, ça n’existe pas. Ou c’est mortellement ennuyeux…
Pourquoi confondre ainsi, encore et toujours, l’auteur et son œuvre ? Est-ce que dans la vraie vie on tient la mère responsable de l’enfant, le supporter de la bêtise humaine, le vent d’automne des feuilles et de la pelle ?
Oui ? Vraiment ?
Bon… Si c’est la règle du JE…
Déclaration n° 1
JE tiens donc à signaler que tous les faits, lieux et personnages mis en scène dans mes textes sont bien réels et que je ne suis qu’un plagiaire de la réalité.
Déclaration n° 2
JE plaide aussi coupable pour toutes les échappées de mon imaginaire qui ont réussi à franchir le mur de cette même réalité.
Quand j’ai commencé à écrire ces lignes, je pensais aux proches des auteurs qui essaient de nous reconnaître, nous et eux, à travers nos mots. Je m’amusais de cette manie somme toute sympathique, cherchant quelque part à lui rendre hommage car elle traduit un intérêt réel de leur part pour ce que nous écrivons.
C’est un fait, nos textes contiennent de nombreux fragments de notre personnalité, de nos valeurs et de ce vécu qu’ils partagent. Mais ce n’est qu’une vision parcellaire et tronquée de notre monde, au service d’une histoire qu’il nous était nécessaire d’écrire.
En même temps, nos récits racontent bien une vision du monde, avec notre personnalité, nos valeurs…
C’est pourquoi certains textes effraient autant certains pouvoirs en place qui prônent la pensée unique. Parce que la frontière entre le réel et l’imaginaire peut être poreuse. Parce que les murs les plus épais peuvent être abattus par des mots.
Victoire de la goutte d’eau capable d’éroder le rocher le plus dur. Hommage aux nombreuses gouttes d’eau qui ont succombé pour permettre cette victoire.
Ce début novembre célèbre la chute du mur de Berlin, il s’inscrit aussi dans un contexte où les étudiants de Hong-Kong réclament l’instauration d’une démocratie et du suffrage universel.
Le romancier japonais Haruki Murakami éclaire le pouvoir des écrivains dans la lutte pour les libertés.
« Pour nous, écrivains, les murs sont des obstacles que nous devons briser. C’est ce que nous faisons, et rien d’autre – métaphoriquement – avec nos histoires. Nous traversons les murs qui séparent le réel et l’irréel, le conscient et l’inconscient. »
Il poursuit : « Nous avons ce pouvoir de l’imagination, comme le chantait John Lenon. Même si cela nous donne l’impression d’être impuissants devant une réalité violente et cynique, cela nous met aussi en position d’imaginer un monde qui est différent de celui actuel. »
Il conclut son message de soutien à ces jeunes qui, aujourd’hui à Hong Kong, luttent contre leur propre mur par cette métaphore : « Le pouvoir de l’imagination, que tout homme possède, nous donne le calme, la persévérance insatiable, de continuer à écrire et raconter des histoires, sans se décourager. »
Si nous perdons parfois de vue ce pouvoir, la censure, elle, n’oublie jamais.
Merci Monsieur Murakami de ce rappel.
Source du discours : Actualitté du 10/11/2014
Bonjour Elisa
Je te fais un petit coucou hivernal ce matin ici
en te visitant avec plaisir.
Les blogues savent réchauffer les coeurs.
✬.*`,✳.*`,✬
Bonne semaine.
✬.*`,✳.*`,✬
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Merci de ta visite Floralie. Toujours un plaisir de te lire. A bientôt, 🙂
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« Pour nous, écrivains, les murs sont des obstacles que nous devons briser. C’est ce que nous faisons, et rien d’autre – métaphoriquement – avec nos histoires. Nous traversons les murs qui séparent le réel et l’irréel, le conscient et l’inconscient. »
C’est exactement ce qui me fait tant aimer Murakami. Abolir les frontières qui séparent le réel du réel pour qu’ils puissent communier et nous entraîner dans le monde de tous les possibles. Merci pour cet article qui l’honore Elisa.
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Un grand homme et un grand auteur oui 🙂
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« Parce que les murs les plus épais peuvent être abattus par des mots » et aussi, parce que les mots peuvent tisser des liens si intenses… ils ont tant de pouvoir…
Merci pour les tiens, qui me touchent, toujours, Elisa
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Merci Elisabeth pour avoir rappelé l’autre pouvoir des mots 🙂
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comme je comprends ce post….je partage et rajoute même qu’il est extrêmement désagréable de voir l’autre chercher les parts d vérité dans nos textes…Ou s trouve la vérité ? A mi chemin entre les mots posés et nos délires….
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Quelle vérité ? Il en existe tant de facettes. C’est un peu ce qui nous pousse à écrire non ?
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