La fenêtre de Milena
Une grosse envie de vous parler de la fenêtre de Milena :
« Vous est-il arrivé une fois de voir derrière les barreaux de sa prison le visage d’un prisonnier ? Un visage découpé par les barreaux en croix ? Alors vous aurez compris que c’est la fenêtre, et non pas la porte, qui ouvre sur la liberté. Devant la fenêtre, il y a le monde. Un visage derrière les barreaux d’une fenêtre est plus terrible qu’un homme derrière une porte verrouillée. Car, à la fenêtre, il y a tout l’espoir de la lumière, du soleil qui se lève, de l’horizon ; à la fenêtre, il y a les désirs et les souhaits. Derrière la porte, il y a seulement la réalité. »
Ces phrases ont été écrites par Milena JESENSKA (1896-1944), muse de Franz KAFKA, à laquelle je porte une profonde admiration.
Cet esprit libre a marqué ses billets de voyage d’un ton nouveau pour l’époque. S’impliquant comme témoin de son temps, elle parle volontiers directement à ses lecteurs, leur ouvre plutôt son journal quotidien qu’elle ne leur donne des informations. Son ancrage à gauche, du côté des gens « vrais », ses reportages au style particulier comme une conversation, font vivre le quotidien des rues. Si elle change souvent de journal, elle restera toujours fidèle à sa voix. Elle est pour moi la première des blogueuses !
Engagée au côté de tous ceux qui lui sembleront œuvrer pour la liberté, elle demeure une des figures majeures de l’émancipation des femmes dans l’entre-deux guerres. Elle écrit dans la presse communiste, puis se rétracte et devient une ardente adversaire des dogmatiques à la solde de Moscou, ne pouvant admettre qu’un parti politique vous gouverne jusque dans votre vie privée. Ses critiques, qui assimilent Hitler et Staline, la feront haïr.
Arrêtée en novembre 1939, elle est déportée à Ravensbrück comme opposante et devient l’espoir de toutes les femmes, qui la connaissent et la reconnaissent, et auxquelles elle donne sans compter ses dernières forces pour les aider à survivre. Mutée à l’infirmerie, elle aura la charge des filles atteintes de maladies vénériennes et en sauvera beaucoup, par ses soins, par sa disponibilité à leur écoute.
Epuisée, rongée par la maladie, elle meurt au camp de Ravensbrück le 17 mai 1944.
Voici ce qu’elle écrivait en 1919, décrivant un rêve : « Quelque part lorsque la planète tout entière a été frappée par la guerre, d’interminables trains quittaient la gare l’un après l’autre… le monde se transformait en un réseau de voies ferrées emportant des êtres affolés, des êtres qui avaient perdu leur maison et leur patrie. Enfin, les trains s’arrêtèrent au bord du vide. Contrôle ! tout le monde descend ! hurla un préposé… Un douanier s’approcha de moi. Je regardais son papier déplié. Je lus, écrit en vingt langues différentes : Condamnés à mort. »
Extrait de l’article publié sur le salon-litteraire.com
Oh merci! Merci! J’ai cherché ce texte partout et le voici! Avez-vous écoutez l’émission qui lui a été dédié sur France Culture? Une merveille! Et en plus je découvre votre blog. À bientôt! Kenza.
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Oui magnifique ! A bientôt 🙂
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Bonjour Elisa
Une fenêtre que la cruauté d’un gardien ferme peu à peu, c’est celle de la prison de Fabrice Del Dongo dans La Chartreuse de Parme – et ll ne peut plus entendre le chant d’un oiseau.
Sinon, les coeurs sensibles et les intelligences pleines de compréhension ne sont pas seulement » à gauche » sinon le bateau où nous sommes ensemble chavirerait !
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Bonsoir France, merci pour ton passage et ton commentaire. Je te dois un rectificatif. Loin de moi l’idée de dire que seuls les coeurs sensibles sont à gauche, il faut replacer ces propos dans le contexte et les clivages de l’époque. Au plaisir de ramer ensemble quelques miles 🙂
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Ma rage d’aimer donne sur la mort comme une fenêtre sur la cour.
Georges Bataille
Il n’y a pas que les rêves qui soient prémonitoires, les cauchemars aussi!
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Les pensées, comme préfigurations de la réalité qu’on souhaite… ou pas ! Merci pour cette citation puissante 🙂
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Plaisir de partager. J’ai un très gros faible pour cet auteur,
https://misquette.wordpress.com/2015/04/15/209-linconnu-pare-des-couleurs-aveuglantes-du-soleil/
Encore une pour le plaisir,
Le hibou survole, au clair de lune, un champ où crient les blessés.
Je survole ainsi dans la nuit mon propre malheur.
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Triste réalité… !
je te souhaite une belle fin de semaine et
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¨°º¤ø„¸ ….BONNE.. ¸„ø¤º°¨…
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D’où l’importance de se souhaiter le meilleur, très belle semaine Floray 🙂
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je viens de découvrir ton blog que je trouve fascinant, intense, lumineux et plein d’énergie! je reviendrais vite! A bientôt Elisa, amitié, Francesco.
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Merci Francesco, à bientôt 🙂
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Les muses ont oeuvré et oeuvrent souvent dans l’anonymat, à la gloire des grands hommes et il est toujours plaisant de découvrir le visage de ces personnalités dont les génies créatifs ont su capter l’âme et vampiriser l’essence non moins créatrice. Merci beaucoup Elisa pour cet article fort intéressant et ces extraits poignants. Une belle découverte. 🙂
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Avec plaisir Nadia et merci pour ton passage 🙂
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Toujours bien chez toi ! 😉
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Découverte il y a bien longtemps au travers du livre de Margarete Buber-Neumann, grande dame, et grande féministe… 🙂
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Oui, à te lire, je crois qu’on a quelques références en commun 🙂
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Un article tres interessant! Merci du partage!
Bonne journee!
Photographe Gil Zetbase
http://www.gilzetbase.com/
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Merci pour la visite et le commentaire 🙂
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merci Elisa de cette découverte ! la mère des blogueuses !!!! j’aime aussi ces femmes courageuses et qui osent dire…
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Et tu en fait partie 🙂
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Merci Élisa de partager, car je ne connaissais pas et je vais m’y intéresser 🙂
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Oui, son histoire vaut le détour 🙂
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Un très intéressant billet…
Je ne connaissais pas Milena Jesenska…
J´ai lis sur la vie personnel de kafka mais maintenant je me rapelle seulement qu´il mentionait toujours son pere… Une rélation un peu malade, je dirais…
Le témoin dans ton billet est inspirant et touchant au même temps!…
Merci d´ avoir partagé, Élisa. Bonne journée! Aquileana ⭐
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Merci, Elisa, de nous éclairer sur l’une de celles ou ceux qui pour le grand public que nous sommes ont vécu « dans l’ombre de ».
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C’est dire son talent pour avoir pu rayonner sous une ombre aussi belle et grande…
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Ils sont poignants, ses écrits. Merci, Elisa de rendre hommage à cette femme exceptionnelle, dont j’ai toujours admiré la plume mais surtout le courage, celui de ses engagements mais surtout de sa lucidité
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C’est l’une de ces femmes dont la pensée peut se projeter bien des siècles plus tard, si juste qu’elle devient intemporelle. Une source d’inspiration sur le papier comme dans la vie 🙂
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Oh, encore une grande dame dont j’ignorais l’existence! Merci!
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Super contente de te faire découvrir l’une de mes icônes :à
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