Voies Nouvelles pour l’écriture
Cet article s’adresse plus particulièrement aux lecteurs qui me contactent, à la recherche de conseils pour écrire. Je pense notamment à cette jeune femme qui souhaite reprendre l’écriture après une période blanche et qui ne sait pas très bien comment retrouver le fil.
S’il s’agissait de peinture ou de musique, il serait possible de refaire quelques gammes –pas trop longtemps, avant de se lancer dans de nouvelles créations.
C’est plus compliqué en écriture car nous écrivons rarement « à blanc », couleur de sinistre augure pour tout auteur. Nous écrivons parce que nous avons quelque chose à dire au monde.
Oui mais écrire quoi quand l’inspiration nous fuit ? Il n’y a pas plus fugueur que le génie créatif… Et s’installer devant une page vide pour attendre qu’il revienne ne fonctionne pas.
Certes, on peut se faire plaisir avec des booster d’écriture et jouer avec les mots. Mais s’il s’agit d’une énorme envie de raconter une histoire, le meilleur des stimulants se trouve dans les concours d’écriture de nouvelles. Personnellement, je vais y puiser à chaque période de sécheresse ou quand je n’avance pas dans mes projets.
C’est comme ça que récemment, un concours de nouvelles m’a entraînée sur un chemin où, spontanément je ne serais jamais allée…
C’était le 29 octobre, nuit la plus longue de l’année. Organisé par les Avocats du diable, un étrange concours : le prix de la nouvelle érotique ! J’ai déjà tellement de mal avec les scènes d’amour, alors écrire une nouvelle érotique ?… Bon ou mauvais, pas vraiment mon genre !
Sauf que… le prix est important à mes yeux. En jeu, une résidence d’écriture avec les éditions du Diable Vauvert. Sauf que… voilà que ma petite voix intérieure -une vraie peste parfois, se met à chuchoter « Sors de ta zone de confort… C’est l’occasion idéale… Vas-y, fonce ! »
Les murmures se sont faits hurlements. Au bord du vide, j’ai sauté.
Samedi 29 octobre, 23h59, le défi est lancé, je le reçois par mail à la volée : écrire une nouvelle avec deux contraintes : un contexte de situation « Tel épris qui croyait prendre » et le mot final « Ricochet ».
Et je l’ai fait ! Cette nuit-là, alors que le monde dormait (en dehors des quelques 400 candidats et des milliers de fêtards néo-halloweenesques), j’ai écrit.
Moi qui progresse lentement et passe mon temps à regarder par-dessus mon épaule pour surveiller mes lignes, en une seule nuit, j’ai écrit un texte entier. Plongée en abîme où tout est permis. Adrénaline à tous les étages. Excitation, vertige. Les mots jaillissent sans tabou, les personnages construisent leurs désirs, l’histoire file dans une course exaltante jusqu’à l’ultime « Ricochet ».
7h00, heure nouvelle. Sous mes yeux, une histoire libertaire créée par la contrainte et sans douleur.
J’ignore si elle retiendra l’attention du jury. Je sais une seule chose : j’ai relevé un immense défi personnel. Absolutely jubilatoire !
***
Pour ceux que l’écriture de nouvelles intéresse, vous trouverez de nombreuses informations sur ces deux sites :
Attention !
Les concours de nouvelles sont nombreux mais ils ne sont pas tous intéressants et certains sont « pré-fléchés » pour des amis locaux (sic). Comment sélectionner les concours intéressants ? Voici quelques pistes :
- La gratuité. Hors de question de payer même quelques euros pour participer à un concours.
- Le thème et le genre. Inutile de proposer des romances à un concours SF ou vice versa. Les codes de genre sont encore plus exigeants dans un format court que dans un roman.
- L’organisateur. Les concours portés par une mairie ou une médiathèque offrent un gage de sérieux.
- Enfin, la proximité géographique. L’engagement moral lorsque l’on participe à un concours, c’est d’être présent le jour des résultats si on est lauréat. Or, cela risque d’être difficile si on habite trop loin.
Si l’aventure vous tente, voici quelques bons conseils glanés ici et là pour écrire une nouvelle efficace :
- « La nouvelle est une fiction brève qui doit être lue en une fois » Edgar Allan Poe.
- La nouvelle un genre littéraire à part entière où la narration a pour objectif de captiver le lecteur, de susciter en lui des émotions et des réflexions.
- La nouvelle est un récit resserré sur une action unique, parfois réduite à un seul événement, ce qui implique de faire des choix. S’il semble se passer peu de choses entre la situation initiale et le dénouement, chacune de ces « petites choses » doit contribuer à l’histoire.
- Le nombre de personnages est limité et ils sont traités de façon schématique. Concernant le personnage principal, sa description physique est réduite au minimum (sexe, tranche d’âge, silhouette…) et sa psychologie est révélée par son comportement. À la fin du récit, le « héros » doit sortir de l’histoire transformé. S’il n’a pas évolué, cela signifie que l’aventure n’en valait pas la peine. Et donc, le récit non plus.
- Les lieux sont juste esquissés. Ils ont cependant une grande importance car ils contribuent à l’atmosphère, et donc à l’émotion globale de l’histoire.
Bonne écriture de nouvelles à tous 🙂
Très bon article! Je suis toujours réticent à participer à un concours, ayant une sainte horreur de la compétition (j’ai de l’urticaire et je deviens bougon dès que ce principe pointe le bout de son nez…) mais je devrais me faire un peu violence, ça ne m’en serait que plus bénéfique!
Toutefois, dans vos conseils pour écrire une nouvelle, au 4e point vous écrivez « À la fin du récit, le « héros » doit sortir de l’histoire transformé. S’il n’a pas évolué, cela signifie que l’aventure n’en valait pas la peine. Et donc, le récit non plus. »
Je ne suis pas sûr d’être d’accord. Je pense qu’il doit y avoir une évolution par rapport à la situation initiale, mais elle n’a pas forcément à être sur le héros. Le monde a pu changer, les choses autour de lui (ou elle)… Cela serait déjà une évolution, mais le personnage serait resté tel quel.
Ce n’est que mon avis après bien évidemment 🙂
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Les concours ne sont que des créateurs de contraintes créatives. Pas obligé d’envoyer. Concernant l’évolution du héros, je précise que je parlais d’un héros de nouvelles. Pour une série, le héros n’évolue jamais (ex : James Bond is Bond, James Bond, forever). Mais je suis persuadée que le changement qui apporte la plus forte intensité dramatique est celle qui touche l’humain. Un grand merci pour cet échange très intéressant. Belle semaine 🙂
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Merci pour tes conseils, je vais tâcher de participer à un concours de nouvelles
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Bonne chance et au plaisir de lire tes textes 🙂
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Félicitations !!! Quand je vois le temps que mon collègue de blog passe à écrire, je me dis quand même que c’est un beau défi !
Tiens nous au courant de ces pérégrinations
Sally,
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Suite au prochain épisode… 🙂
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Je crois au contraire que tel le peintre ou le musicien, l’écriture gagne également si les « gammes » sont fréquentes… Qu’importe l’inspiration ! Elle viendra si elle doit venir. Trop souvent, la gente humaine prétend avoir des tas de choses à dire – à écrire – et quand on lit… beurk… Je ne prétends pas que ma prose soit géniale, mais je pense qu’elle a gagné grâce aux articles de blog, aux écrits professionnels, aux manuscrits ratés, abandonnés, aux exercices de style comme tu l’indiques avec ton saut dans le vide de la nouvelle érotique… Pour avoir tenté, à plusieurs reprises, de lire des écrits auto publiés, j’aurais tendance à dire que rien ne remplace le boulot, le boulot, le boulot… Considérons les manuscrits de nos anciens (genre Balzac, Zola… 🙂 ). Ils ne bayaient pas aux corneilles mais travaillaient comme de véritables forçats. Je peux également prendre l’exemple de Simenon, et il y en a tant d’autres. Cocteau fait partie de ceux qui n’écrivaient que lorsque tout le livre était agencé dans sa tête (dixit Marais), il reste une exception et est surtout une figure de génie protéiforme… Mais bon, ce que j’en dis… 😉
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Hello Agnès. Merci d’ouvrir ce débat. Nous sommes d’accord en fait : les gammes sont nécessaires dans toutes les disciplines. Simplement, il est rare que ce soit naturel ou accepté en écriture. C’est la raison pour laquelle les concours de nouvelles sont des « gammes » idéales. Là où je n’ai pas insisté, et tu as raison de le souligner, c’est sur la somme de travail à accomplir pour acquérir une certaine dextérité dans cette discipline. Et c’est un travail de tous les jours… Bonne écriture et merci de ton avis précieux 🙂
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C’est vrai que l’inspiration fait défaut trop souvent.
Je te souhaite un bon week-end.
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Merci chère Floralie, bon we à toi aussi 🙂
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Bravo d’avoir tenté ce challenge ! 🙂
Je le dis franchement : je l’aurais peut-être écrit, mais….. je ne l’aurais même pas envoyer au jury 😆
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C’est ce que j’avais prévu mais… une fois lancée, je me suis dit « pourquoi pas ». Un pourquoi pas largement soutenu par l’idée que je ne serai pas sélectionnée. Je ne sais pas comment je réagirai si c’était le cas. On verra bien… Gros bisous 🙂
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Hello Elisa. Entièrement d’accord avec toi. Tu as mille fois raisons de souligner combien ce petit défi du concours est motivant, boostant, inspirant. Même sans l’adrénaline du prix – hyper glorifiant au demeurant – le plaisir de jouer est toujours présent. La preuve par ce petit exercice : le concours Radio France de la micronouvelle (mille signes max). C’est très court. Avec un thème très bateau cette année « La liberté ». Comme c’est bref, je te confie ma contribution intégrale :
« El libro.
Bien sûr, on peut être fils d’immigré espagnol et très bien réussir dans la vie. Bien sûr on peut soigner sa dyslexie et embrasser une grande carrière. Ma dyslexie n’était que le diagnostic erroné de professeurs plus inattentifs que leurs élèves. L’obstination que je mettais à ré-intituler tous mes manuels scolaires ne prêchait pas en ma faveur : Libre de Géographie, Libre d’Histoire, Libre de Français… Malgré la colère des uns, les moqueries des autres ou l’indifférence du plus grand nombre, je jure, la main sur le cœur qu’il n’y avait ni malice ni perversité de ma part. Et plus le système éducatif me rejetait, plus je jetais ma soif d’apprendre sur tous les Libres qui me tombaient sous la main. C’est le genre d’épisode de son enfance que l’on croit oublié ou enfoui. Il me revint en peine figure, lorsque, devenu linguiste, je découvris que je souffrais tout simplement de bêtacisme. Un mal inoffensif qui me faisait confondre les phonèmes B et V, sans doute mon héritage castillan. Sans doute aussi le handicap du grammairien qui inventa le merveilleux métier de Libraire ! »
Bises.
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Bravo André pour ce texte où nombreux sont ceux qui se reconnaîtront et c’est là aussi l’intérêt d’écrire et de partager des tranches de vie. Merci de ce partage, c’est quand tu veux. Amitiés 🙂
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il me tarde à moi aussi de lire ta nouvelle érotique. chère Elisa tu as raison il faut toujours essayer. là ou il y a une volonté il y a surement un chemin
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Eh non ! Sauf si le jury la distingue, je crois que je vais la garder dans l’ombre. On confond si souvent l’auteure et ce qu’elle écrit. Pas sûre d’avoir envie qu’on s’imagine connaître ma vie intime… On verra ! Bises 🙂
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Bravooo! Il fut un temps où je lisais beaucoup de (bonne) littérature érotique. je me réjouis de lire la tienne.
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Comme je répondais à Brigitte, pas sûre d’être prête à faire lire cette nouvelle. Pour l’instant…
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Merci Elisa pour tous les conseils que vous donnez dans votre blog quant à l écriture. ..Il faut juste arriver à se « lancer » !!!.
Je vous souhaite bonne chance pour votre « participation aux nouvelles erotiques » mais je pense que le fait d avoir déjà pu écrire en ce sens, vous avez déjà tout gagné !!! …
A bientôt de vous lire.
Amicalement. Annick Genin
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Exactement. Le principal est vraiment d’écrire et de tester plusieurs registres comme on goûte à plusieurs plats. Bon long we Annick, et bonne écriture 🙂
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J’aimerai lire cette histoire coquine 😀😄😃 il me tarde !!!
Bisous Pascale
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Eh eh ! Résultats lors du prochain changement d’heure, la nuit la plus courte de l’année… Merci Pascale pour ta visite. Bon long we 🙂
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