Folies d’été

Cet été, je suis partie en nostalgie. J’ai découvert Lille, la ville où s’est installé mon fils avec sa compagne, ville qui est aussi le berceau d’une partie de mes ancêtres.

J’ai revisité Reims, où j’ai passé la moitié mon adolescence. La cathédrale et son ange au sourire, l’hôtel Le Vergeur, la bibliothèque Carnégie… les terrasses et les parcs où nous nous retrouvions, grappes d’adolescents inconscients de leur insouciance, les cafés où nous jouions au billard, les boites où nous dansions, là où j’ai rencontré l’homme de ma vie.

Et de Reims, ne me demandez pas pourquoi, j’ai eu l’idée de partir jusqu’à Saarbrücken, là où j’ai passé l’autre moitié de mon adolescence. Avec Sabine, ma Brieffreudin, de l’âge de 11 ans jusqu’à nos 18 ans. Dès que j’avais quelques jours de vacances, je prenais le train et je fonçais à Saarbrücken ou bien c’est elle qui venait.

Nous nous étions perdues de vue. J’ai écrit plusieurs fois à l’adresse dont je me souvenais mais mes lettres sont restées sans réponse. Sur Facebook, je n’ai pas eu plus de succès. Il doit y avoir au moins 150 Sabine Schneider. Sans compter qu’elle a pu se marier et changer de nom…

Alors, cet été, j’ai dit « Allez ! ». Et nous voilà partis pour Saarbrücken, en amoureux. Avec Denis, j’ai revisité la ville qui symbolisait pour moi la liberté absolue. Pensez ! À l’âge de l’adolescence, loin des parents, avec de l’argent de poche… Le rêve !

J’ai attendu le dernier jour pour aller dans le quartier où vivait Sabine. Pourquoi ? Je n’en sais rien, j’avais le trac, je crois. Peur que plus rien n’existe, que le temps ait avalé mes souvenirs, qu’ils n’existent plus. Merci à Denis pour m’avoir poussée à aller jusqu’au bout de cette route.

Au premier coup d’œil, j’ai tout reconnu, la côte où le bus nous déposait au retour du collège, les jardins où nous avions nos cachettes, le magasin de chewing-gum à la banane, l’immeuble où habitait Sabine…

Sur la porte d’entrée, il y avait un nom : SCHNEIDER. Ces quelques lettres dactylographiées en face de la sonnette, je n’y croyais pas, j’avais retrouvé la famille de Sabine. J’ai sonné, une fois, deux fois, trois fois… Personne, c’était trop beau. Au moment où je glissais un mot sous la porte, comme une bouteille à la mer, le battant s’est ouvert. Un vieux monsieur se tenait péniblement sur le seuil.

— Herr Schneider ?

D’un signe de tête, il m’a fait entrer, a appelé sa fille au téléphone et Sabine et moi, nous nous sommes parlées. Quelques mots échangés, sa voix n’avait pas changé. Je l’ai reconnue aussitôt.

Quelques jours plus tard, nous déjeunions chez elle, à quelques kilomètres de Heidelberg. Et nous nous reverrons. Plus jamais nous ne nous perdrons de vue, c’est promis.

***

 

Aller jusqu’au bout de ses rêves, de ses projets, quelles que soient les probabilités de réussir, même si cela signifie de s’exposer à la déception, à la tristesse… Cela remue bien des peurs mais cela peut aussi apporter de grands bonheurs. Le prix à payer je suppose et on ne gagne pas à tous les coups.

Retrouver ma correspondante après l’avoir perdue de vue pendant 28 ans, c’était un truc de fou mais cet été, j’ai fait un truc encore plus ouf !

J’ai postulé à une résidence d’auteur à Québec !

C’est mon rêve ultime. Décrocher une résidence d’auteur, être logée, payée pour écrire. J’ignore ce que l’avenir me réserve mais je ne souhaite pas faire de l’écriture mon métier, être soumise à l’obligation de sortir un livre par an pour payer mes factures… Je veux pouvoir rester dans le plaisir et la liberté d’écrire ce que je veux, quand je veux…

Une résidence d’auteur, mon rêve ultime, je vous disais. Une reconnaissance, une parenthèse magique où tout est possible, où le temps est entièrement dédié à inventer et raconter mes histoires…

À Québec en plus !

Vous le savez, le Québec et moi, c’est une grande histoire d’amour. Depuis plus de cinq ans, je mène des recherches pour un projet de roman historique qui se déroulerait dans cette Belle-Province.

Alors quand j’ai découvert l’appel à candidatures -assez tardivement, il me restait à peine deux semaines-, j’ai tout arrêté et j’ai tenté ma chance. Deux semaines immergées dans mon projet, à mettre en forme mes recherches, à solidifier l’intrigue… Rédiger une lettre de motivation et une note d’intention, exercices difficiles car finalement, on ne sait vraiment qu’à la fin pourquoi on a écrit l’histoire…

Pendant ces quinze jours en immersion dans mon histoire, j’ai tronqué mes heures de sommeil, planché de 7 heures du matin jusque tard dans la nuit, dévoré des sandwichs sur un coin de mon clavier, sollicité tous mes proches pour me relire – un immense merci à tous et particulièrement à ma fille Adeline, pour son œil pertinent et sa finesse d’analyse.

Les résultats sont attendus après le 15 septembre. Même si je sais que je n’ai que l’ombre d’une ombre d’espoir, je guette ma boite mail chaque jour. Et bien sûr, je partagerai avec vous le résultat ! Car j’ai d’autres folies en réserve 🙂