Silence, on tue !
Je me souviens encore des circonstances qui m’ont poussée à écrire Le silence à l’ombre des pins. La visite d’une exposition sur les femmes envoyées au bagne, suivie de la découverte du Musée du Vercors relatant le martyr des résistants de la seconde Guerre Mondiale. Je m’étais dit alors : « Quelle chance de ne pas avoir connu la guerre ».
Je m’étais ensuite demandé quelles traces avaient laissé ces drames en nous. Et c’est ainsi que je m’étais intéressée à la psycho généalogie et aux blessures qui se transmettent de génération en génération.
Quelle naïveté !
Depuis, nous avons connu les attentats djihadistes au nom d’une religion dévoyée, les violences sociales de gilets jaunes matraqués, les noyades des rescapés climatiques, une pandémie liberticide et aujourd’hui, boulet sur le canon, la guerre explose près de nos frontières… (pardon si j’en oublie).
Alors que je prétends écrire pour parler aux silences, je dois constater que ces grandes catastrophes me rendent muette. Mes mots semblent si dérisoires pour ne pas dire futiles quand des êtres humains meurent, sont torturés, mutilés ou violés, quand les longs cortèges d’errants réapparaissent sur les routes bombardées…
Je ne suis ni experte géo-politologue, ni témoin direct de ces événements tragiques. Que pouvais-je ajouter aux débats qui puisse être utile ? Je l’ignore. J’ai beau chercher, je ne trouve pas. Alors, je reste là avec mes mots fragiles et désarmés, impuissants à repousser les ombres qui recouvrent le monde.
Sidération d’écriture.
Le choc est si grand que je ne parviens plus à exprimer d’émotions, ni à parler aux silences.
Ma seule consolation est que d’autres, nombreux, prennent la parole.
Je leur laisse la place, libre de me réfugier dans l’imaginaire.
Depuis toute petite, les contes et les légendes m’ont apporté de nombreuses clés et ouvert la porte sur des univers très loin de ma propre culture. Au travers de leurs métaphores, symboliques ou allégories, ils permettent à chacun de construire sa propre vision du monde.
Pendant la pandémie, j’ai mis de côté le thriller sur lequel je travaillais pour me jeter dans l’écriture d’un conte moderne. Puisque j’étais incapable de réinventer le monde, au moins pouvais-je tenter de le réenchanter, l’instant de quelques pages.
Mais ce n’était pas dans mes intentions aujourd’hui de vous présenter mon prochain roman.
Je voulais juste vous souhaiter de continuer à célébrer la vie en ce printemps terrible et terrifiant, dans ce monde qui a besoin de compassion mais aussi de joie pour garder notre lumière vivante, de poètes autant que de reporters, de soignants encore plus que de guerriers.
À bientôt,
Élisa
Merci pour ce texte qui exprime si bien le ressenti de nombre d’entre-nous. J’aime bien le terme « sidération d’écriture ». Il me parle. Et pourtant, il faut bien continuer d’avancer, espérer, rire et… pleurer aussi. Parce que les larmes ne peuvent se refouler à l’infini.
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Bien triste printemps, en effet.La neige elle-même a tenu à protester. Seul le silence est de mise devant les horreurs que provoquent une guerre. Accompagné de compassion…
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Le silence comme prélude à la parole et aux larmes consolatrices
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Bonjour Elisa.
Tes mots sont à toi. Ils résonnent et font écho à bien des pensées qui me touchent de la même manière.
J’avais entendu après les grands documentaires sur la Shoah : « plus jamais ça »
Hélas, tu cites certains après. Ma première révolte a été les visages des prisonniers derrière, à nouveau, des fils barbelés, lors des guerres dans l’ex-Yougoslavie. J’ai été très choquée et n’ai pas compris. Il y en a eu des massacres. Les années passent. A ce jour, nouvelle sidération depuis le 24-02-2022.
Nous voilà dans une nouvelle ère, en plus des virus qui circulent et ne sont pas nouveaux, depuis le Covid.
Ma réalité est l’évolution de la maladie d’Alzheimer, débutée en février chez mon mari où je reste actuellement.
Le climat dit zut à la planète chahutée. Des personnes prennent consciences, humainement se mobilisent là-bas aux frontières, je les admire du fond du cœur. D’autres s’investissent autrement dans d’autres domaines. L’humain n’est pas mort et montre le meilleur qui existe encore, face à toutes les barbaries dans le monde.
Je t’embrasse affectueusement. Geneviève
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Hello chère Geneviève. Au-delà des drames planétaires, nous oublions parfois les tragédies humaines. Je suis désolée de savoir que tu traverses une telle épreuve avec ton mari. Je connais ton courage et j’espère que tu ne t’oublieras pas. Prends soin de toi. Amitié, Elisa
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Je t’embrasse fort parce qu’il n’y a pas de mots pour apaiser les douleurs que nous avons. Prions en silence. Bisous. Margaux
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Je t’embrasse également chère Margaux. J’espère que nous nous reverrons bientôt. Amitié, Elisa
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Bonjour Valérie Je n’ai pas réussi à commenter ton bel écrit sur ton blog. Problème de password. J’aime beaucoup ce que tu as écrit. C est fort et doux à la fois. Respectueux et engagé.
A demain mon ange Bises ensoleillées Sylvianne
Sylvianne Perrat 06 61 53 30 38
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Bonjour Elisa, ton texte est très émouvant et prouve, s’il s’il est encore besoin, que ton élan humaniste ne se perd pas dans le silence. Je te remercie pour ces bons mots qui vont droit au cœur. Gros bisous mon amie.
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Hello Nadia. Ton commentaire est arrivé à bon port. Encore merci de ton soutien de tous les instants. Ce texte a été difficile à écrire et c’est un réconfort de voir l’accueil qui lui est réservé. Amitiés, Elisa
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Tout ce qui vient du coeur est bienvenu. Bisous
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Eh oui, il semble que mon absence n’ait pas plu au blog… Merci pour tes encouragements. A très vite pour d’autres échanges, Bises, Elisa
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