W… comme Waouh !
Vous aviez une super idée de roman. Oui mais voilà. Plus vous avancez dans votre écriture et plus l’idée que votre histoire est finalement assez banale s’insinue dans votre esprit.
Un article un poil long mais je vous assure, il vaut le coup.
Je ne dis pas qu’écrire une nouvelle est plus facile qu’écrire un roman, c’est un format qui se heurte à ses propres exigences et donc à ses propres difficultés. Mais on ne va pas se mentir, tenir la distance sur plus de 200 pages peut se révéler un vrai parcours du combattant pour garder le peps de départ.
J’ai déjà évoqué ce point dans d’autres lettres (voir R comme Rythme ou M comme Motivation).
Si j’aborde à nouveau cette difficulté, c’est qu’elle revient sous plusieurs formes et à plusieurs moment de l’écriture. Sournoise et têtue.
Faisons l’analogie de l’écriture d’un roman avec une relation sentimentale. Je sais, c’est un cliché mais l’heure est grave. Vous désespérez. Plus vous écrivez, et moins le texte ressemble à celui dont vous aviez rêvé. Vous êtes sur le point d’abandonner et on ne peut pas laisser faire.
Allons-y. Le roman part d’une idée qui surgit alors qu’on ne l’attend pas, c’est la rencontre.
On se découvre mutuellement, chacun se montre sous son meilleur jour. C’est la phase de séduction.
On a envie d’aller plus loin, d’être plus souvent l’un avec l’autre et on emménage ensemble. Le temps passe, la routine s’installe, elle peut être agréable, donnant l’impression que les choses se construisent et qu’elles nous comblent.
Puis les petites failles de chacun se révèlent, elles grossissent, deviennent sources d’agacement, se font insupportables… ça passe ou ça casse. Rester unis chacun avec ses défauts ou partir voir ailleurs si l’herbe est plus verte (oui je continue dans le cliché…), telle est la question.
On se détend.
Ce n’est pas parce qu’on a retiré ses lunettes roses qu’il faut perdre sa lucidité.
En fait, c’est votre trop grande familiarité avec votre histoire qui la rend banale à vos yeux. Vous la connaissez tellement qu’elle ne vous surprend plus. L’effet waouh qui avait surgi lors de la rencontre s’est estompé.
Ce phénomène est normal. La super bonne nouvelle, c’est qu’il n’y a rien à faire pour retrouver ce fameux effet Waouh ! Il va revenir tout seul. Comment ?
Acceptez de laisser aller et venir l’effet Waouh
pendant le processus de création.
Pendant que vous écrivez votre première version, si des doutes sur l’intérêt de votre histoire viennent vous déranger, ne les écoutez pas, envoyez-les se faire voir ailleurs. Personne (même pas vous) ne peut juger de votre histoire avant qu’elle ne soit totalement écrite, phase de réécriture comprise. Pour l’heure, rien n’est gravé dans le marbre et tout pourra être amélioré. Personnellement, quand les démons du doute viennent me titiller, je les invite à s’en aller de suite, avec moult insultes. Je sais, ce n’est pas très classe mais c’est efficace.
Lorsque vous avez terminé le premier jet de votre roman, posez-le.
Au moins 3 mois.
C’est super long, j’en conviens, un vrai crève-cœur. Notre premier réflexe lorsque l’on écrit le mot fin de notre récit, c’est de le relire de suite pour savourer notre création dans son entièreté.
Énorme erreur ! Tous les défauts de ce premier jet vont vous sauter aux yeux et réveiller les doutes tapis dans votre volcan intérieur, force 10. De plus, ces défauts ne sont que les arbres qui cachent la forêt. Les vrais manques, ceux qui nuisent à la cohérence et à l’intensité de l’histoire, vous ne les verrez pas. Parce que vous connaissez votre histoire sur le bout des doigts, vous n’êtes plus ni lucide sur ce qu’elle est, ni en capacité de vous émerveiller devant elle.
Oublier votre histoire pendant plusieurs semaines puis la reprendre pour la relire, non comme son auteur mais comme un lecteur vous permettra de retrouver votre effet Waouh naturellement. Promesse d’Élisa !